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Question 13: Conclusion

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Participant:harryd
Date: 2003-05-01 20:37:32
Réponses:
Brossard, 16 avril 2003
Harry Dortélus
9270 Rameau
Brossard
J4X 2M3

Lettre ouverte à
Monsieur Bill Graham, ministre des Affaires extérieures du Canada
Monsieur Denis Paradis, Secrétaire d’État Amérique latine et Afrique
Monsieur David Lee, diplomate canadien, Chef de la mission de l’OEA en Haïti
Les journalistes québécois et canadiens
Le peuple québécois

Chers concitoyens, c’est avec consternation et amertume que nous vous lançons ce S.O.S. au nom du peuple haïtien. D’entrée de jeu, nous devons admettre que le peuple haïtien n’a jamais commis d’holocauste. Il n’a jamais été un agresseur pour ses voisins. Le pays n’a pas de pétrole, ni une chaîne de télévision capable de faire entendre sa voix. Oui, il est vrai qu’il y a deux cents ans, il s’est soulevé contre la tyrannie de l’esclavage et il est devenu le premier peuple noir du monde à dire non à l’esclavage. C’était certes un mauvais exemple à l’époque. Une époque où l’exclusion et la servitude des peuples noirs étaient la norme. Est-ce que deux cents ans plus tard il existe une justification pour abandonner le paisible peuple haïtien à son propre sort ? Nous dénonçons la passivité du Canada, principalement celle de nos amis québécois, face au drame économique et social que vit un peuple frère, de langue et de religion.

Nous admettons qu’Haïti ne représente aucun enjeu économique ou politique pour qu’il puisse susciter l’attention des médias d’ici, mais en tant que peuple solidaire, nous avons une responsabilité morale de faire connaître au monde la situation que vit Haïti. La situation sociale et économique d’Haïti est une bombe à retardement, en un mot, c’est un baril de poudre qui risque d’exploser à la moindre étincelle, c’est pour cela que nous voulons que la société canadienne soit mise au courant. Sur le plan économique, il n’y a pas de justification pour intervenir. Mais sur le plan humanitaire et moral, le silence actuel est inacceptable.

Mettons la situation haïtienne dans sa perspective. Après la chute de Duvalier et après plusieurs tentatives, les Haïtiens ont nommé M. Aristide à la présidence. Peu de temps après, il fut renversé par l’armée qui a toujours été un instrument de la misère du peuple Haïtien. Avant le retour d’exil de M. Aristide par les militaires américains, un embargo économique a été imposé aux putschistes afin de les évincer. Cet embargo était nécessaire, car les militaires haïtiens, fidèles à leurs habitudes, s’en prenaient aux plus démunis qui étaient en majorité en faveur du retour de M. Aristide. Cet embargo était pourtant nécessaire, compte tenu des méfaits des militaires. Nous devons admettre cependant que cet embargo a été fatal pour une économie haïtienne déjà moribonde à l’époque. L’espoir qui est né du retour d’Aristide n’a pas apporté des dividendes économiques escomptés, compte tenu du manque de cohésion des élites haïtiennes et du manque de compétence des gens qui entouraient M. Aristide et son successeur.

La crise actuelle peut se résumer ainsi. En 2000, des élections législatives et la réélection d’Aristide en 2001 ont eu lieu dans la fraude. La communauté internationale dirigée par une politique américaine conservatrice et antipopulace impose une fin de non recevoir au pouvoir en place. Conséquences, depuis 2000, le peuple haïtien, les plus faibles, est victime d’une politique d’exclusion économique pratiquée par les grandes institutions prêteuses : la BM, le BID et le FMI. Environ 500 millions de dollars de fonds sous forme de prêts, destinés à venir en aide au peuple haïtien lui restent inaccessibles. Pourtant, ces mêmes bailleurs de fonds se portent à la rescousse de l’Irak qui n’a même pas encore de gouvernement. Voici ce que nous qualifions de politique d’exclusion économique. Cet embargo économique n’a rien de légitime par rapport à celle imposée aux militaires durant le coup d’État.

À un moment où nous croyions qu’il était impossible pour une population aussi pauvre de reculer plus loin, le peuple haïtien est menacé par le chaos et l’anarchie engendrés par la misère totale et le manque de vision de ses chefs politiques et économiques. La solution proposée par l’OEA, la résolution 822, est la tenue de nouvelles élections, ce à quoi les Américains et l’opposition haïtienne sont opposés.

L’expérience récente nous dit déjà celle qui prévaudra. Pendant ce temps, le peuple, comme dans toute situation où les élites se disputent, reste dans la misère abjecte et il paie le prix fort pour ces disputes menées en son nom. Cette situation rend le terrain fertile pour les extrémistes de part et d’autre de l’échiquier politique, d’attiser le feu, ou pire encore, faire sauter le baril. Voilà la raison de nos inquiétudes.

Pendant que tous les yeux sont rivés sur le manque d’électricité et d’eau courante à Bagdad, nous ne devons pas oublier que l’absence de ces éléments des plus élémentaires est un modus vivendi pour le peuple haïtien. Il ne passe pas un jour où on ne nous parle pas des blessés au Moyen Orient. Les médias mettent des visages, une structure sociale et environnementale sur les victimes de ces conflits qui pénètrent à chaque jour dans nos foyers par le truchement de la télévision. Alors que pour la petite Africaine ou le petit haïtien, qui se trouve à moins de cinq heures d’ici, nous nous contentons des récits pathétiques de Vision mondiale. Si près, mais si loin. Cette politique d’exclusion systématique doit changer si nous voulons être conséquents avec nous-mêmes.

Mesdames et messieurs, nous ne pouvons pas avoir la conscience tranquille, encore moins si l’impensable arriverait, une guerre civile. Nous ne pouvons pas nous voiler les yeux, alors qu’une catastrophe est à nos portes. M. Graham, notre gouvernement canadien doit faire preuve du même leadership dont il nous a démontré au début de la guerre en Irak. Notre gouvernement doit demander à M. Lee un rapport détaillé de la situation économique et sociale qui prévaut en Haïti. Nous sommes de ceux qui pensent qu’un changement de régime, par quelque moyen non légitime ou illégal que ce soit, pourra être un élément déclencheur de ce chaos tant appréhendé.

Harry Dortélus, Candidat juriste, Barreau du Québec à Montréal.
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