Promouvoir la prospérité des Canadiens et de la communauté mondiale est un élément essentiel de la politique étrangère du Canada. La prospérité économique de notre pays est liée à la croissance sans précédent de l'économie mondiale et à l'intégration des marchés mondiaux. Notre économie, qui s'est développée dans le cadre d'organisations axées sur les échanges internationaux, tels l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) et l'entité qui lui a succédé, l'Organisation mondiale du commerce (OMC), compte aujourd'hui parmi les plus riches et les plus ouvertes du monde; notre prospérité est fortement tributaire du commerce international et de l'investissement étranger. Le Canada retire de nombreux bienfaits de l'ALENA et des accords de libre-échange conclus avec divers autres pays. En avril 2001, à Québec, le Sommet des Amériques s'est prononcé en faveur de relations économiques plus étroites et plus nombreuses entre les pays du continent, tout en affirmant que les libertés démocratiques, le respect des droits de la personne et les normes environnementales et du travail sont des facteurs essentiels au développement de l'hémisphère occidental.
Les relations économiques entre le Canada et les États-Unis illustrent les avantages d'un système commercial international assujetti à des règles acceptées de tous. Dans le cadre de ces relations, cependant, notre vulnérabilité aux mesures protectionnistes et aux recours commerciaux injustifiés nous oblige à adopter une nouvelle approche pour faire valoir nos droits et nos intérêts. Le différend relatif au bois d'œuvre résineux montre qu'il est possible, au moyen de communications ciblées et d'alliances transfrontalières durables, de contrer les contestations suscitées par des groupes d'intérêt contre les exportateurs canadiens.
Pour maintenir la croissance des échanges commerciaux et des mouvements de capitaux, il faudra peut-être adopter de nouvelles mesures de gestion de la frontière, améliorer les infrastructures et coopérer en matière de réglementation pour stimuler la confiance des investisseurs et des voyageurs, ainsi que pour réduire les coûts de transaction des commerçants et des transporteurs. Le Canada doit évaluer les meilleurs moyens d'opérer ces changements susceptibles d'accroître notre prospérité, et notamment décider d'envisager soit des ajustement aux institutions et aux arrangements actuels, soit de nouvelles mesures pour promouvoir nos intérêts. Bien entendu, en envisageant de telles mesures, il sera crucial de veiller à protéger l'intégrité de nos politiques sociales et notre qualité de vie.
Bien que l'intégration économique ait ouvert de nouvelles possibilités dans le domaine commercial, elle présente également des défis inédits. Les crises financières de la dernière décennie dans les marchés émergents ont mis en relief les vulnérabilités provoquées par l'accélération des mouvements de l'information et des capitaux. Des interventions internationales ont aidé à contenir les crises économiques, et il faut continuer d'améliorer les systèmes d'alerte rapide et de faciliter une prompte action collective.
La mondialisation est une source importante de prospérité, bien qu'elle ne soit pas sans susciter de problèmes. Elle profite à de nombreux pays en développement, y compris certains des moins avancés, mais ces bienfaits ne sont partagés équitablement ni entre les pays ni à l'intérieur de ceux ci. Les crises financières qui ont secoué le Mexique, l'Asie, la Russie et l'Amérique du Sud depuis une décennie ont soulevé des préoccupations au sujet des conséquences de l'austérité budgétaire, de la privatisation et de la libéralisation des marchés. Pour répondre aux besoins des plus défavorisés, il faudra des efforts soutenus de la part des institutions financières internationales, y compris le Fonds monétaire international, pour ce qui touche à l'élaboration de programmes d'aide aux pays en crise, et la Banque mondiale, en ce qui concerne les programmes visant à promouvoir le développement et à réduire la pauvreté dans les marchés émergents. Au cours des prochaines années, un des principaux défis consistera à faire en sorte que la mondialisation favorise le progrès social et la protection de l'environnement.
Le gouvernement canadien est en faveur de l'élargissement continu d'un système commercial international stable et fondé sur des règles. À titre de membre de l'OMC, le Canada participe à un nouveau cycle de négociations commerciales mondiales, et appuie les demandes légitimes des pays en développement qui réclament un meilleur accès aux marchés développés, notamment pour leurs produits agricoles. À cette fin, en janvier 2003, le gouvernement canadien a éliminé les droits de douane et les quotas sur presque toutes les importations de 48 des pays les moins avancés, dont 34 sont situés en Afrique.
En contribuant au développement international et à l'éradication de la pauvreté, le Canada sert ses intérêts économiques tout en répondant également aux préoccupations humanitaires. C'est pourquoi le Premier ministre a annoncé que le Canada doublerait son aide publique au développement d'ici 2010. L'aide qui sera apportée au cours des années à venir devra être efficace, souple et rapide, et axée sur les besoins les plus grands; elle devra en outre correspondre aux priorités de notre politique étrangère et aux valeurs et intérêts à long terme des Canadiens. Le défi consiste à trouver les meilleurs moyens de combiner tous ces objectifs.
En matière de développement, il reste de nombreuses difficultés à surmonter, mais un grand nombre de pays concernés se transforment rapidement de l'intérieur, opérant des réformes politiques et économiques, répondant aux besoins d'une nouvelle classe moyenne aisée et instruite, et jouant un rôle plus important sur la scène internationale. La Chine, l'Inde, le Mexique et le Brésil offrent au Canada de nouvelles possibilités de partenariats productifs qui pourront se réaliser au moyen de stratégies efficaces et d'une attention soutenue.
Au Canada, pour assurer la croissance économique et créer des emplois, il faudra être compétitif sur les marchés mondiaux et attirer les investissements, ce qui exige une société innovatrice, dotée de travailleurs hautement qualifiés, de compétences scientifiques de pointe et de vastes ressources d'apprentissage. Pour cela, nous devons trouver des partenaires appropriés pour l'investissement, l'éducation et la recherche, et attirer des travailleurs possédant des connaissances et des compétences de pointe.
À l'étranger, le gouvernement canadien reconnaît que les investissements des entreprises canadiennes doivent être à la fois rentables et responsables quant à leurs répercussions sociales et environnementales. Certaines entreprises ont connu une réussite exemplaire en mettant en pratique les valeurs canadiennes dans leurs activités commerciales à l'étranger. Dans les pays en développement, l'investissement étranger apporte des bienfaits substantiels et est essentiel à la réalisation des objectifs de développement international. Dans les régions en conflit et dans les États mal gouvernés, il peut aussi attiser la violence et les troubles. Un des défis à relever au cours des années à venir sera d'aider les entreprises canadiennes à faire des investissements rentables qui servent aussi les intérêts des localités, régions et pays où elles s'implantent.
La coopération avec les États-Unis et avec de nombreux autres pays est essentielle à la préservation de l'environnement du Canada. Nous devons mettre au point de meilleurs moyens pour promouvoir une croissance respectueuse de l'environnement dans les pays en développement tout en minimisant et en répartissant équitablement le coût du respect des normes environnementales.