|   | Contributor: Azizou		 Date: 2003-04-03 14:13:16 
		Reply to this messageLa paix, aujourd'hui, signifie bien plus que la simple absence de la guerre. C'est dans le cadre de cet objectif global qui constitue la finalité même du système de l'ONU que l'on essaiera d'examiner quelques uns des grands nouveaux défis que celui-ci s'efforce de relever.
 
 1. DEFI DE LA REDISTRIBUTION
 
 Depuis la fin de la guerre froide et de celle de la Guerre du Golfe, le système international etait caractérisé par une
 concentration de puissance et de moyens sans précédent dans l'histoire moderne. Le maintien de la paix d'une manière
 pacifique, comme le requiert la Charte des Nations Unies, est de plus en plus difficile dans un monde où l'unipolarité s'accentue à un rythme effarant et avec une inquiétante régularité.
 
 Le premier grand nouveau défi pour le système des Nations Unies est celui d'un minimum de redistribution du
 pouvoir et des ressources, au niveau mondial, afin que l'appartenance aux organisations internationales qui le
 composent ait un sens et un contenu pour tous les Etats membres.
 
 La redistribution implique, tout d'abord,une importante démilitarisation ainsi qu'une dénucléarisation des grandes puissances sans laquelle il n'est pas possible de procéder à la
 restructuration du système international indispensable à la
 réduction du gigantesque fossé économique, financier et
 technologique qui fait que moins de 20% de la population mondiale dispose de plus de 80% des ressources matérielles
 de la planète. C'est un défi à la fois politique et éthique car l'autre nom de la paix c'est l'équité dans la distribution des moyens etl'éradication de la pauvreté à l'échelle mondiale .
 
 Pour beaucoup, les Nations Unies se sont faites les défenseurs inconscients du statu quo... Les Nations Unies pour quoi faire? Telle est la question essentielle... Je ne crois pas que nous soyons en présence d'une crise des organisations. La crise est beaucoup plus grave car elle concerne fondamentalement le concept et l'esprit
 de la coopération internationale. Elle constitue le symptôme des profonds désaccords qui divisent les membres de la communauté internationale sur le but et les moyens de cette coopération.
 
 2. LE DOUBLE DEFI DE LA CREDIBILITE ET DE LA PERTINENCE
 
 L'ONU n'est plus une source de visions ou d'innovations, elle est  devenue un simple miroir passif du système international - d'où  la perte d'une bonne partie de sa crédibilité. La perte de crédibilité est une des critiques qui reviennent le plus souvent dans les récentes évaluations du système.
 
 On a entendu de bien beaux et fort éloquents discours prêchant la solidarité internationale, la défense de la paix, la lutte contre la misère et l'élimination de la pauvreté, la
 promotion de la démocratie, la tolérance et le respect des droits de l'homme, mais il ne s'est pas dégagé un consensus sur les objectifs de l'organisation et ses priorités.  La
 contradiction entre le contenu des 150 monologues plein de bonnes intentions, d'une part, et la douloureuse réalité de l'état du monde, d'autre part, n'a fait que mettre en relief la mauvaise foi qui règne dans les relations internationales et l'hypocrisie qui les conditionnent.
 
 Sans verser dans l'onu-pessimisme ou dénigrer le système, un tel questionnement est utile si l'on souhaite apporter un regard critique et constructif à la problématique
 des nouveaux défis auxquels l'ONU doit faire face. Plus de
 800 millions de personnes souffrent de famine ou de malnutrition - un véritable constat d'échec pour la FAO.
 
 Le nombre des analphabètes est encore plus élevé et s'approche du milliard après 50 ans de programmes éducatifs
 de l'UNESCO - quelle crédibilité lui reste-t-il face à cette amère réalité ? Plus de 1000 millions de personnes ne
 disposent d'aucune forme de logement.
 
 Le test de la pertinence est simple et se réduit au fait qu'environ une personne sur cinq, dans le monde, vit dans la pauvreté absolue et que ce nombre ne fait que croître. Nous
 avons, là, un impressionnant indicateur de l'impuissance du système des Nations Unies face au grand défi qui confronte
 l'humanité - celui de l'élimination de la pauvreté par la redistribution et le développement. Une impuissance semblable à celle qui affecte le domaine du maintien de la paix.
 
 On est en droit de se poser des questions concernant les méfaits de cette évolution et d'en évaluer les conséquences. Pour tirer les
 conclusions d'un tel constat il faudra reconnaître l'échec, élucider ses causes et élaborer un programme de re-
 positionnement. Seuls des pays vraiment libres et libérés peuvent contribuer à un pareil objectif. Or, le nombre d'Etats dont les gouvernements sont représentatifs des aspirations de
 leurs peuples demeure assez réduit.
 
 3. CRISE BUDGETAIRE OU CRISE DE CONFIANCE
 
 L'ONU traverse sa plus grave crise financière. Cette crise constitue un sérieux défi pour la survie de
 l'Organisation. L'aspect le plus important n'est pas celui du
 financement en tant que tel car les sommes en question sont dérisoires par rapport à la mission de l'institution. Il reste à savoir si les Etats membres vont faire preuve de la volonté
 politique indispensable au relancement de l'organisation. Les questions financières permettent de mesurer la confiance dont bénéficie le système de l'ONU.
 
 Les gros contributeurs, avec les Etats-Unis en tête, n'acceptaient plus ces règles de jeu qu'ils avaient eux-mêmes
 inscrits dans la Charte. Ils forcèrentl'Assemblée générale, avec l'assentiment du Secrétaire général, à un malheureux compromis qui dispense de la procédure du vote du budget
 qui est, dorénavant, approuvé par "consensus". Ainsi la loi du
 plus fort a prévalu sans considération pour les dispositions de la Charte ou les intérêts de l'organisation. Ceci a porté un sérieux coup de frein à l'évolution du budget régulier.
 
 Cette crise financière n'est que la traduction d'une crise de confiance dans l'institution de la part des principaux contributeurs qui utilisent le paiement de leurs cotisations
 comme moyen de pression et de contrôle.
 
 4. LE DEFI DE LA COMMUNICATION
 
 La transition d'une société de production vers une société du savoir soulève de nouveaux problèmes qui
 requièrent une plus intense coopération internationale, notamment, dans le domaine de la science et de la
 technologie et dans celui de la communication.
 
 Le problème du contenu du secteur de la
 communication, dans son sens le plus large, constitue, peut- être, le plus grand défi auquel la communauté internationale doit faire face. Dans une société du savoir, l'information est le nouveau capital et son traitement est d'une très grande
 rentabilité. Les développements technologiques ont fait disparaître les frontières entre les différentes formes de communication (signal, texte, image, son) et ont renforcé les monopoles.
 
 Le défi de la communication est encore plus complexe lorsqu'on aborde les questions du contenu. Le développement
 se mesure, aujourd'hui, par la capacité de produire, générer, traiter, transformer et stocker l'information.
 
 Ainsi la communication devient un processus de non- communication puisque l'on ne tient pas compte des systèmes
 de valeurs de l'autre. La globalisation économique a, également, une tendance d'homogénéisation qui affecte le
 pluralisme politique et la diversité culturelle.
 
 
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